Un véritable « gruyère » sous le bourg
Nous sommes dans une région sédimentaire calcaire. Les sédiments se sont déposés de façon successive ce qui fait que le calcaire se présente sous forme de bancs plats d’épaisseur variable, de quelques centimètres à un mètre et plus parfois. Ces bancs sont fissurés et laissent filtrer l’eau de pluie. Cette infiltration a creusé de véritables rivières souterraines insoupçonnées. Le hasard les fait découvrir comme par exemple à Champdeniers sous le bourg. Il en existe sûrement un bel exemple entre Terraillé et Nieul ce qui expliquerait qu’à la faveur de grandes périodes de pluies, le débit souterrain ne suffisant plus, apparaisse une grosse résurgence, et une véritable rivière s’écoule alors en surface avec un débit spectaculaire.
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Ces bancs de pierre ont été, en maints endroits, exploités pour la construction de nos maisons. Nul besoin d’aller chercher la pierre à des kilomètres, on ouvrait un gisement sur place et on remontait du sol le matériel nécessaire. Il suffisait d’ouvrir un puits d’exploitation suffisamment large et on creusait par dessous en conservant une voûte dont l’épaisseur devait garantir sa solidité. Certaines zones étaient conservées de façon à former des piliers de soutien.
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Souvent ces cavités étaient reliées entre elles par de petits boyaux qu’on retrouve actuellement simplement murés par de la pierre sèche taillée. Ont-elles servies de cachette ? |
Aux murs de quelques « grandes salles » on a retrouvé des traces de noir de fumée et des supports métalliques scellés : on éclairait donc avec des torches. |
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Ces excavations on en trouve partout à Saint-Pompain, sous les habitations, sous les cours, les jardins. Certaines ont été conservées pour servir de caves, mais dans la plupart des cas le puits d’accès a été refermé par des remblais ou déchets de taille. On les retrouve parfois lors d’effondrements ou de creusements de fondations ou tranchées. On s’aperçoit aussi lors de travaux de rénovation que ces cavités existent sous des voies routières, et la voûte d’une résistance suffisante pour supporter les chargements agricoles d’autrefois, devient extrêmement dangereuse pour les transports actuels de plusieurs dizaines de tonnes. Ce fut le cas du carrefour de la Poste où il a fallu combler en 2002 avec 72 mètres cubes de béton.
Les gisements en couches linéaires parallèles offrent un matériau qui convient parfaitement à la construction de murs. Il suffit d’entasser les moellons bien calés les uns sur les autres, taillés sur la face extérieure ( le parement), de chaque côté du mur, et liés avec de la terre ou un mélange de terre et de chaux. Entre les deux rangs de pierre on remplit avec des pierres brutes et du mortier de terre. Pour éviter que la charge interne ne vienne pousser les deux faces du mur, ce qui risquerait un bombement et une « éventration », donc un écroulement, on disposait de grandes et longues pierres ayant une assise sur les deux rangs de moellons ce qui apportait un solide lien entre ces deux rangs. Ce sont ces « passantes » que l’on distingue, dépassant régulièrement des murs. On raconte qu’à chaque fois que l’ouvrier posait une « passante » il avait droit à « un litre de rouge » ! Tous les encadrements des ouvertures se faisaient en pierres taillées. Certains, comme les « palentrages », linteaux, pesaient plusieurs centaines de kilos.
Ce matériau résiste bien aux intempéries. Sur la taille fraîche, le gaz carbonique de l’atmosphère provoque une réaction chimique qui durcit le calcaire et le rend moins perméable à l’eau : le « calcin ».
Autour de ces excavations se sont construites bien des légendes ! Des souterrains mystérieux reliant les demeures féodales les unes aux autres ! Il est difficile d’imaginer que ces trous aient pu servir de voies de communication ! peu de hauteur, pas d’aération suffisante, et sur de longues distances de sérieux risques d’éboulement et d’inondation.