LE CHATEAU
DE
SAINT-POMPAIN
Extrait de
Histoires
et traditions poitevines.
( vers 1858 )
LE CHATEAU DE SAINT-POMPAIN
Nous sommes assurément bien loin des temps où le châtelain exerçait sur les hommes de sa mouvance, un pouvoir presque absolu, où il rendait la justice, levait les tailles, armait les hommes qu’il conduisait à la bataille pour le roi, et souvent contre ses propres ennemis. Alors le château protégeait les habitations groupées sous ses tourelles, et les hommes défendaient le seigneur qu’ils aimaient, quand il était bon et humain, et dont ils respectaient l’autorité toujours et quand même.
Depuis que le bras de 89 s’est étendu sur la vieille France pour contraindre toutes les têtes à se tenir à la même hauteur sous le niveau de ses institutions, croire que toutes prééminence a été abolie serait une erreur ; seulement cette autorité s’est affaiblie en se subdivisant avec le sol. Mais les plus grandes considérations humaines s’attacheront encore aux plus grandes propriétés, et, malgré la prétendue égalité de notre époque, le vieux château seigneurial avec ses vastes dépendances, est encore demeuré l’emblème de la puissance.
Le château de Saint-Pompain ( Pompin ) ne compta jamais parmi les grands fiefs du Poitou ; il relevait de Vouvent, Vouvent de Parthenay, et Parthenay de La Tour-du-Louvre. Cependant, et quoi qu’il ait, depuis 177 ans cessé d’abriter ses maîtres, malgré l’état de simple ferme auquel il a été depuis réduit il inspire encore aux habitants qui l’entourent quelque chose comme du respect pour l’autorité. Ses épaisses murailles brunies par le temps, sa petite tourelle avec ses mâchicoulis, sa situation imposante, les noms qu’il rappelle, forment un contraste frappant avec les prétentions des égalitaires.
Le vieux manoir n’a jamais été achevé. Il ne dût être tout d’abord qu’un corps de bâtiment auquel un pavillon fut ajouté vers le XV ème siècle. Au midi, et en regard du bourg, il était défendu par une enceinte de douves sèches, un pont-levis donnait entrée dans la cour, et de l’intérieur un petit escalier conduisait à un petit plateau établi au-dessus des herses pour parlementer. Ce n’est que vers 1840 que ce curieux portail a été remplacé par deux maigres piliers dans le goût du jour. Le côté nord repose sur un rocher à pic et domine à une grande élévation l’immense bassin où coule l’Autize qui, après avoir promené ses eaux au milieu des vastes prairies de la Torange, se rapproche dans une courbe gracieuse jusqu’au pied du noble châtel comme pour lui rendre foi et hommage, et va reprendre en s’arrondissant la ligne de son cours. L’élévation de son assise d’où la vue s’étend à plusieurs lieues sur le bocage, des coteaux abruptes couronnés de bois, des accidents de terrains aux vastes proportions, la jolie route qui gravit comme un serpent pour arriver au plateau du bourg, font, sans contredit, de cette position, un des plus beaux sites du pays. Depuis plusieurs siècles, le château n’a rien perdu de sa solitude, et l’étendue de ses terres est encore la même.
Les anciens seigneurs de Saint-Pompin avaient juridiction de haute, moyenne et basse justice. Leurs droits seigneuriaux s’étendaient sur une quarantaine de petits fiefs environnants ; ils confinaient avec les Rohan et les Jourdain de Villiers, les Lusigem, de Benet, les Vivonnes, d’Oulmes, la commanderie de Cenan, l’abbaye de Nieul, la châtellenie des Moulières, les Destissac et les Vognolles Lahire, de Coulonges les Royaux. Ils eurent à soutenir au sujet du tiers des lots et ventes de la seigneurie un procès, curieux à étudier, qui dura de 1518 à 1789, contre les rivaux qui se succédèrent dans la châtellenie des Moulières ; les Chabot, les Prévost, les Parabère, les Pompadour, le marquis de la Carte, gouverneur militaire du Bas Poitou, le dernier des acquéreurs de 1764, en préparaient la reprise lorsqu’enfin la Révolution vint prononcer un jugement sans appel.
Les seigneurs de Saint-Pompin furent de tout temps les avoués de l’Eglise et sur tous leurs dénombrements ils inscrivirent au premier rang de leurs prérogatives le droit de fondation première et de patronage dans l’église paroissiale. On peut y voir encore, sous des couches de chaux, la litre seigneuriale avec des armoiries au champ d’argent, à une face de gueule, à la bordure de sable besanté d’or. Ils payaient de temps immémorial à l’Abbaye de Nieul, dont Saint-Hilaire de Saint-Pompin ne fut longtemps qu’une celle, une rente annuelle de soixante boisseaux de froment en retour apparemment des services religieux que les PP. Augustins rendirent jusqu’au XVIII ème siècle.
Saint-Pompin, selon toute vraisemblance, prit son nom du saint (1) qu’il était en usage, dans les premiers temps du Christianisme, d’assigner pour patron à chaque bourgade indépendamment du patron de l’église ; mais à quelle époque ? C’est ce qu’il serait difficile de préciser. Les murs de l’église actuelle recèlent des matériaux qui accusent l’existence d’une église dès le XI ème siècle. Cette église fait supposer une agglomération dont l’anyiquité est d’autant moins douteuse que nous sommes entourés de vestiges d’habitation romaines. Ce qui parait certain, c’est que les parties les plus anciennes du château, comme les belles voûtes de ses caves, sont du XII ème ou du XIII ème siècle au plus tard, et qu’une charte de 1239, de l’Abbaye de l’Absie, nomme le seigneur de Saint-Pompin G. de Clérembauld qui en aurait jeté les fondations. Sous Alphonse, comte de Poitiers, en 1274, Rudulphe, abbé de Maillezais, reçoit endon des rentes de G. de Clérembauld, seigneur de Saint-Pompin.
Dans les premières années du XIV ème siècle, Pierre Duplessis-Cherchemont (2) devint seigneur de Saint-Pompin par son mariage à Isabeau Clérembauld, seule héritière de ce fief. De ce mariage naquirent trois filles, Mathurine, Isabeau et Jehanne ; Jehanne épousa Guichard du Pairé, Isabeau, Ponce de Vivonne d’Oulmes, et Mathurine, en qualité d’aînée, transporta le chémerage de Saint-Pompin dans une famille dès lors des plus anciennes et des plus illustres du Poitou, en la personne de Guillaume de Liniers, qu’elle dut épouser vers le milieu du XIV ème siècle. Ce fut à l’occasion des droits de puînées d’Isabeau et de Jehanne que surgit plus tard le procès dont nous avons parlé.
Par sa position, Saint-Pompin dut nécessairement se ressentir des luttes politiques dont le Bas Poitou fut le théâtre au moyen-âge, ainsi que des guerres civiles du XVI ème siècle. Placé sur la route de Poitiers au Bas Poitou, il était un lieu de station entre Saint-Maixent et Fontenay ; d’anciens bâtiments de grandes hôtelleries
(1) Sanctus-pompinus, martyrisé en Syrie avec Saint Advent, et que le martyrologe romain, traduction de N. de Saint Allais, désigne comme un des saints du Poitou.
Sanctus Pompaenus en 828 (Cartulaire de l’Abbaye de l’Absie), Sanctus Pompeianus en 1196 (Documents pour l’Histoire de Saint-Hilaire), Saint-Pompain en 1363 (Cartulaire de Saint-Maixent)
(2) Cherchemont, du château du Plessis, commune de Vausseroux. Il fut fondé dans l’église de Vausseroux des obits pour le repos de l’âme de Dame Isabeau Clérembauld, veuve de Pierre Cherchemont, dame de Saint-Pompin et du Plessis : Jehan Guichard et Jehanne Cherchemont, sa femme ; Pierre Guichard et Jehanne de (illisible)..sa femme ; Huquet et Jeoffroy Guichard ; Jehan Sommereau et Jehanne Guichard ; Pierre Sommereau et Catherine Russell, sa femme, seigneurs de Plessis Cherchemont. C’est un Cherchemont qui fonda l’hospice de Menigoute.
Lorsque Philippe le Bel eut définitivement constitué le Parlement de Toulouse, c’est un Cherchemont qui en a été le Premier Président.
l’attestent encore, de même que l’existence d’un marché chaque semaine et de cinq foires établies de temps immémorial. L’église et le château qui subissaient ordinairement le même sort, portent des traces non équivoques des guerres des anglais et des protestants. D’importantes reconstructions à ces deux édifices appartenant à ces deux époques, ne laissent pas douter qu’elles aient été faites pour réparer les désastres de la guerre ; il est fort croyable que Duguesclin guerroya dans notre plaine et qu’un combat, ou pour le moins une sanglante escarmouche, a eu lieu entre Saint-Pompin et Benet, non loin des métairies de l’Epineraie et de Massigny en un lieu qui porte encore le nom de Champ de Bataille.
Il y a sept ou huit ans, en perçant la route qui passe en cet endroit, les terrassiers ont mis à découvert des rangées de squelettes humains, enterrés à moins de cinquante centimètres de profondeur ; ils ont trouvé un tronçon d’arme et une pièce d’argent frappée à Cantorbéry (3). Toute cette plaine est jonchée de ruines de constructions qui dataient au moins de la domination romaine, car nous y avons fait une trouvaille de plusieurs monnaies gallo-grecques. Qui nous dit que ces habitations n’ont pas été détruites dans ce temps là ? Qui nous dit même que le village si bien situé de Champbertrand ait été à son origine autre chose que le Camp de Bertrand. Ce qui n’offre guère moins de certitude, c’est que le vainqueur des anglais ne soit passé à Saint-Pompin en 1370 avec les ducs du Berry, de Bourgogne, le comte de La Marche et la cavalerie française, lorsqu’après la prise du château de Saint-Maixent, il se dirigea vers Fontenay dont il s’empara également.
Après cela peut-on supposer que les nobles seigneurs de Saint-Pompin, les Clérembauld, les Cherchemont comme leurs successeurs, soient demeurés paisibles spectateurs de ces luttes dans un temps où forcément il fallait être français ou anglais, où les seigneurs entre eux se battaient par esprit de parti, où le moindre château était dix fois pris et repris.
Dans les guerres du XVI ème siècle, les Saint-Pompin figurent honorablement dans maintes circonstances. En 1567, un chevalier de Liniers, capitaine de cinquante hommes d’armes, est envoyé par le roi Charles IX avec 4 000 hommes au secours de Chartres attaquée par Condé. Ce même Liniers fut tué à la bataille de Jarnac. Un Saint-Pompain figure dans les rangs de la noblesse française, faisant partie de l’armée de Joyeuse, à la prise de La Mothe -Saint-Heraye, de Saint-Maixent et de Niort.
En 1587, un Saint-Pompin est gouverneur de l’île de Maillezais et concourt, avec Lavardin, à la prise du château de Marans.
Ce fut en 1681 que le château de Saint-Pompin, après être demeuré pendant plus de trois cents ans dans la possession de cette dernière famille qui compta dans nos derniers temps, entre autres personnages distingués, l’héroïque vice-roi de Buénos-Ayres, est passé des mains de François de Liniers, époux de Louise de Béchillon, en la maison des seigneurs de Pons, et par les femmes des Pons aux Tourzel, et des Tourzel à M. le duc de Lorges qui en ce moment, met cette terre en vente.
(3) Quelques temps après, ces mêmes terrassiers, en défrichant les chirons de Ninzais, situés dans une vallée non loin de là, pour les transporter sur la route, trouvèrent une monnaie qu’ils vendirent 2 F, à un monsieur inconnu qui passait à cheval. L’origine de ces amas de pierres ferait espérer que cette monnaie aurait quelque valeur historique. S’il en était ainsi, nous serions heureux que son détenteur put nous la faire connaître par la voie de ce journal.
Il n’est guère de vieux châteaux qui ne fournissent bien quelques sujets de légendes plus ou moins merveilleuses. Celui de Saint-Pompin ne fait pas exception ! Les grands-mères ne manquent jamais, pour faire coucher leurs petits enfants, de les menacer des prisons du château et des fantômes blancs que leurs aïeux ont assuré avoir entendus traîner, avec fracas, de longues chaînes dans les grandes salles du seigneur. Elles s’entretiennent souvent à la veillée, avec un ton de voix et un langage spécial, d’une mystérieuse caverne, dont l’ouverture parait dans un endroit inaccessible des rochers du château, et que tout le monde connaît sous le nom de Trou des Farfadets ; C’est la demeure, assure-t-on, de nombreuses légions d’esprits malfaisants. C’est au fond de cette antre que se réfugie, pendant le jour, la Chasse Gallery ; c’est de là que partent, pendant la nuit, les loups-garous, les béliches des Avent et les chevaux-matets du carnaval.
On nous dit, à nous, et ce n’est pas un conte, qu’en 1793, les habitants de Coulonges-les-Royaux, menacés par les chouans, étaient venus y cacher leur bonnet de la liberté. Bonne pensée de les mettre avec les revenants ?
On parle encore dans le pays d’un fait dont nous avons nous-mêmes vu les derniers acteurs, c’est un droit du seigneur dont nous extrayons l’exposé d’un dénombrement de 1641 ; droit assurément bien inoffensif, quoi qu’on puisse dire :
« Item sur un pré du seigneur des Moulières, qui est situé devant mon dit château, lequel pré est tenu recevoir à danser les nouvelles mariées par chacun an et dannée en année prochain pour le landemein de Pasque où elles sont tenues aller danser et chanter une chanson et leur maris jetter un esteu, chacun ayant un bas dépuoillé, tenu faire faire par un de mes sergens de bailler un bouquet de fleurs à celle qui sera jugée avoir la mieux chanté, avec chacune un chaperon sur leurs testes, et se doivent les dites nouvelles mariées et maris trouver chacun an par chacun des dits jours, ou par faute qu’il n’yen aie de mariée en l’année, les précédentes se doivent trouver et faire comme auparavant, à peine d’un écu d’amende payable sans déport qu’ils me donneront par chacun an ».
Mais que les acquéreurs de ces débris d’un temps qui n’est plus ne se laissent pas effrayer par ces récits ; le procès de 270 ans est fini, la puissance des farfadets est singulièrement diminuée et va en s’affaiblissant de jour en jour, les fantômes ne font plus retentir les salles du bruit de leurs chaînes et l’on peut paisiblement dormir au murmure monotone de la chaussée du moulin de Maret. Seulement le nouveau seigneur ne verra plus danser les nouvelles mariées et lancer les disques des maris dans le pré des Moulières (le garde les prendrait), mais en retour il verra ses grasses génisses bondir dans la prairie et briller au soleil les cornes dorées de ses taureaux au large fanon.
——————— Histoires et traditions poitevines. ( vers 1858 ) ——————
LE CHATEAU
DE
SAINT-POMPAIN
Texte et recherches de 1941-1942
par l’Abbé GLAUD
Curé de Saint-Pompain.
LE CHATEAU DE SAINT-POMPAIN
Le voyageur, venant de Coulonges-sur-l’Autize, quand il arrive à la Patte-à-l’Oie, a devant lui un très beau panorama. Il aperçoit tout le bourg de Saint-Pompain qui s’étend sur la colline sur plus d’un kilomètre. Puis, à flanc de coteau, par étages superposés, son coup d’oeil embrasse, jusqu’au sommet, la vieille église, avec sa tour carrée, au-dessous des maisons semées çà et là, au bas de la côte, les ruines de l’ancien château et à ses pieds la rivière de l’Autize avec ses sinueux méandres, et ses rives bordées de grands peupliers. A droite, les coteaux sont couronnés de bois et à gauche, la route monte en serpentin vers le plateau du village.
Réduite, depuis environ un siècle ( 1860 ), à l’état de ferme, la demeure seigneuriale est bien déchue de son ancienne splendeur ; il ne lui reste plus qu’une toute petite partie de sa façade nord qui s’est écroulée, il y a quelques mois sur la route qu’elle surplombe, causant ainsi un danger sérieux pour la circulation ( mars 1941 ).
Heureusement, le propriétaire actuel, M. Jacques Moreau de la Tiffardière de Saint-Liguaire, a chargé l’équipe de maçons Poupart de Saint-Pompain de réparer la brèche. Le travail, fait soigneusement et solidement, s’est terminé en juin 1941.
Le Château de Saint-Pompain ne compta jamais parmi les grands fiefs du Poitou ; il relevait de Vouvent et faisait partie du Bas-Poitou. Aujourd’hui, il est rattaché au département des Deux-Sèvres.
Le vieux manoir a connu au cours des siècles, bien des vicissitudes. A vrai dire il n’a jamais été achevé.
Les soubassements qui servaient de caves et de cuisines sont du XIII ème siècle. Guillaume de Clérambault, seigneur de Saint-Pompain en a jeté les fondations en 1239 ( Charte de l’Abbaye de l’Absie ). Ils sont la base de la demeure féodale sur laquelle s’est assise au XV ème siècle, la bâtisse que représente une carte postale faite d’après un croquis de 1861.
Quatre étages de fenêtres superposées aux dimensions imposantes, à croisillon de pierre, donnaient à cet édifice une hauteur prodigieuse ; des lucarnes meurtrières protégeaient le gué de Maret.
Le coté nord repose sur un rocher à pic et domine à une grande élévation la vallée où coule l’Autize qui, après avoir traversé les belles prairies de la Torange, se rapproche dans une courbe gracieuse, jusqu’aux pieds du noble châtel comme pour lui rendre foy et hommage, et reprend en s’arrondissant la ligne de son cours.
Au midi, et au regard du bourg, il était défendu par une enceinte de douves sèches ; un pont-levis donnait accès sur la cour, et de l’intérieur, un petit escalier conduisait à un plateau établi au-dessus des herses pour parlementer. Vers 1836, ce curieux portail a été remplacé par les deux maigres piliers que nous voyons encore aujourd’hui.
« Une maison château Châtellenie de Saint-Pompain, renfermée de fossés avec pont-levis, haute et basse cour, la dite maison bâtie en pavillon et en tire-point, couverte d’ardoises, avec les granges, les écuries, les greniers, toits, aires, fuye, jardins, taillis, vignes garenne, avec mon moulin à eau appelé Maret au pied de mon dit château. »
Telle est la description que nous donne le dénombrement de 1641, rendu par François de Liniers, seigneur de Saint-Pompain au très haut et très puissant seigneur Henry d’Orléans duc et pair de France, seigneur de Longueville.
Commencé au XIII ème siècle, le château eut son plein épanouissement au XV ème siècle. Mais à partir de la fin du XVIII ème siècle, le souffle de la destruction est passé sur lui. Vers 1850, il ne lui reste plus que la façade nord que l’on a dû diminuer progressivement. Un étroit pavillon rectangulaire le flanquait à l’ouest et une petite tour circulaire en forme d’échauguette à l’angle nord.
Les Anciens seigneurs avaient juridiction sur une quarantaine de petits fiefs environnants. Leurs droits confinaient avec ceux des sires de Parthenay à Béceleuf, des Rohan et des Jourdain à Villiers en Plaine, des Lusignan à Benet, des Vivonne à Oulmes, des L’Estissac, des Vignolles Lahire à Coulonges-les-Royaux, avec ceux de l’Abbaye de Nieul-sur-l’Autise, de la commanderie de Senans, de la Châtellenie des Moulières.
Ils eurent à soutenir, au sujet du tiers des lots et des ventes de la Seigneurie un procès qui dura de 1518 à 1789 contre les puissants rivaux qui se succédèrent aux Moulières, les Chabot, les Prévost, les Parabère, les Pompadour, le marquis de la Carte, gouverneur militaire du Bas-Poitou et les de Brach fermiers acquéreurs en 1764. La Révolution vint prononcer un jugement sans appel.
Les seigneurs de Saint-Pompain furent de tous temps les avoués de l’Eglise ; sur tous leurs dénombrements, ils inscrivirent au premier rang de leurs prérogatives, le droit de fondation première et de patronage dans l’église paroissiale où il y a d’ailleurs la chapelle du château:
« prérogatives sur tous autres au coeur d’icelle, et pouvoir d’y poser et déposer ce qui est de raison, mettre cloche au clocher dans la dite église, comme il y en a déjà une qui m’appartient et appartenant à mes prédécesseurs de qui j’ay les mêmes droits que cy-dessus et de poser mes droits avant et par dessus tous autres. » ( Dénombrement de 1681 )
Ils payaient à l’Abbaye de Nieul une rente annuelle de 60 boisseaux de froment en retour des services rendus par les R.R P.P. Augustins jusqu’au XVIII ème siècle.
Le premier seigneur de Saint-Pompain s’appelle Guillaume Clerebaudus. Clérambauld de Saint-Pompain, en Bas-Poitou, est une famille que l’on trouve dès le XII ème dans les environs de Saint-Maixent et de Vouvent. Ce nom est écrit Clerbaud ou Clerebaudus.
Guillaume Clérambaud, chevalier, fut témoin d’un échange fait en 1221 entre Geoffroy de Lusignan, seigneur de Vouvent et Giraud du bois de Mémore. Il fut aussi témoin en 1234 d’un accord conclu entre les abbayes de Maillezais et de Sully.
Geoffroy Clérambaud, chevalier, seigneur de Saint-Pompain fit un accord en 1228 avec l’abbaye de Fontevrault, au sujet de vignes qui dépendaient de la Lande de Chalais.
Hugues Clérambaud, chevalier, seigneur de Saint-Pompain donna en 1235 à Aynor la Meunerie et à son fils les droits qu’il avait sur une maison à Saint-Pompain.
Hugo Clerbaud, miles, arrenta des terres le dimanche avant la Saint-Martin 1255, chargées de redevances envers l’Absie.
Guillaume de Clérambault, chevalier, seigneur de Saint-Pompain, et sa femme Isabelle, donnèrent en janvier 1274, à Raoul, abbé de Maillezais, diverses rentes qu’ils avaient dans le fief de Velluire. Ils eurent pour fille Isabelle, dame de Saint-Pompain vers 1300.
Pierre Duplessis Cherchemont, du château du Plessis, commune de Vausseroux épousa Isabelle Clérambault et de ce fait devint seigneur de St Pompain. Il se rendit aux armées en 1340, accompagné de trois écuyers. Il donna quittance de ses gages et de ceux de deux écuyers le 8 septembre 1342. Il rendit en 1348 divers aveux à Aimery d’Argenton, au seigneur d’Ardin et à d’autres.
Le 9 juillet 1349, il vendit, de concert avec sa femme une rente de 25 livres à messire Jean d’Archiac, chevalier, seigneur de St Germain ; Cette rente fut amortie par le mariage subséquent du dit seigneur d’Archiac avec Jeanne Cherchemont, fille de son vendeur.
Pierre Cherchemont eut également de son mariage Mathurine, dame de Saint-Pompain, mariées avant 1340 à Guillaume de Liniers, chevalier, seigneur de la Meilleraie, près d’Airvault. Devenue veuve, elle se remarie en 1362 à Aimery d’Argenton, écuyer seigneur de Hérisson, lieutenant général en Anjou. Ce dernier meurt en 1387 ; en mourant Mathurine lègue au chapitre de Menigoute fondé par son grand-oncle une rente de 40 livres. un de ses descendants Jacques de Liniers amortit le 24 octobre 1534 la part qu’il devait dans cette rente.
La noble famille de Liniers, l’une des plus anciennes et des plus illustres du Poitou, garde la seigneurie de Saint-Pompain pendant près de trois siècles. Non seulement elle en est propriétaire mais elle y demeure jusqu’en 1681. A cette époque le château passe des mains de François de Liniers époux de Louise de Béchillon en la maison des seigneurs de Pons et par les femmes des Pons aux Tourzel, des Tourzel à M. le duc de Lorges.
Ce dernier a vendu en 1858 à Amaury de Liniers qui, en 1882, a revendu en détail toutes les propriétés. Le château a été acheté par M. Mercier de Saint-Pompain. Son petit fils, Jacques Moreau de la Tiffardière de St Liguaire, marié à la petite fille de M. Mercier, en est actuellement le propriétaire.
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Par sa position, le château de Saint-Pompain dut nécessairement se ressentir des luttes politiques dont le Bas-Poitou fut le théâtre au moyen âge, et des guerres civiles du XVI ème siècle. Il était un lieu de station entre Saint-Maixent et Fontenay-le-Comte. Les bâtiments des anciennes hôtelleries, le marché chaque semaine, les foires établies de temps immémorial le prouvent facilement.
L’église et le château qui subissaient toujours le même sort portent les traces non équivoques des guerres avec les Anglais et des guerres de religion. Les reconstructions importantes à ces deux édifices ont été faites à ces époques pour réparer les désastres de ces guerres.
Duguesclin a guerroyé dans notre contrée ; Une sanglante escarmouche a eu lieu entre Saint-Pompain et Benet, non loin de la métairie de l’Epineraie et de celles de Massigny, en un lieu appelé depuis le Champ de Bataille.
Le vainqueur des Anglais est passé à Saint-Pompain en 1370, avec les ducs du Berry, de Bourgogne, le comte de la Marche et la chevalerie française ; après la prise du château de Saint-Maixent, il se dirigea sur Fontenay dont il s’empara également.
Les seigneurs de Saint-Pompain ne restèrent pas de paisibles spectateurs de ces luttes, à cette époque où le moindre château était l’objet de convoitises, où les maîtres se battaient par esprit de parti.
Le Prince de Galles a trouvé dans cette famille, l’un des plus fermes soutiens de son pouvoir lorsque nos provinces étaient aux mains des Anglais.
Dans les guerres du XVI ème siècle, les Saint-Pompain, c’était le nom donné aux de Liniers, ont fait figure honorable.
En 1567, Charles IX envoie, avec 4 000 hommes, un chevalier de Liniers, capitaine de 50 hommes d’armes, au secours de la ville de Chartres attaqué par le Prince de Condé. Il est tué à la bataille de Jarnac.
François de Liniers servit en qualité d’homme d’armes dans la compagnie du Comte de Lude et fut pour cette raison dispensé d’assister au ban de 1575. Il fait partie de l’armée de l’amiral Joyeuse à la prise de la Mothe-Saint-Héray et de Niort. Henri III lui envoie une lettre de félicitations.
Le 20 novembre 1586, il est à la prise de Maillezais ; Catherine de Médicis le nomme en 1587 gouverneur de l’Ile de Maillezais. Il se fait remarquer l’année suivante ; avec Lavardin, il attaque avec succès l’île et le château de Marans. Henri IV le nomme gouverneur en 1589, après l’assassinat d’Henri III, le 1er août 1589.
En 1681, la famille Regnauld de Pons possède la seigneurie ; un siècle se passe et ce sont les Tourzel, puis, après la Révolution, le duc de Lorges, gendre de la marquise de Tourzel qui en devient le propriétaire ; il y fait d’ailleurs une visite vers 1822 ; M. Grippeau en était le régisseur et habitait le château. Venu en diligence jusqu’à Coulonges, une voiture est allée le chercher et l’y a ramené le soir.
En 1783, les habitants de Coulonges-les-Royaux, menacés d’une visite des chouans, sont venus y cacher leurs cocardes et leurs bonnets de la Liberté.
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La seigneurie de Saint-Pompain avait juridiction sur une quarantaine de fiefs plus ou moins considérables. Le dénombrement du 23 septembre 1681 rendu par messire François de Liniers nous en donne le détail.
« Le château et le parc, renfermés de murailles et contenant jardin, ouches, garennes, prez, futaies, et 50 journaux de vigne, comprenait environ 200 boisselées.
A côté se trouvait le moulin à eau de Maret qui avait son moulin à vent avec 9 boisselées, au-dessus du bourg sur la route de Massigny, près de la métayrie de la Folie.
Une ouche « la goismardrie » et un pâturaud « la vieille Fuye » 8 boisselées, tenaient aux murailles du côté de la vallée
Un bois taillis « le grand bois » de 2 arpens et demy, touchait la métayerie de la Bate sur le chemin de Saint-Pompain à Villiers.
Une garenne « la garenne de la Périne » touchant au bois de la Périne.
La maison noble de la Fuye où se trouvait une fuye à pigeons démolie par défunt François de Liniers son ayeul, et située à la Croix Guérin.
La garenne de la Fuye (chemin de la Bate à la Croix Guérin, chemin et venelle de la Métayrie du prieuré).
Le pré de Maret (8 journaux)
Deux grands prés de Draye (8 journaux)
Un pré sis à la Sablière (2 journaux)
Le pâtureau de la Torange.
La métayrie de la Baudonnerie, au bourg, route de Niort à Fontenay à droite.
La métayrie de la Place, chemin de la Croix Blanche à l’Aumosnerie, à gauche.
Venelle ou sentier Viaut.
Les métayries de l’Arceau et de Puysec (Hôtel), chemin de la Croix Blanche à la Perrine.
Le fief Brillancheau 82 boisselées de terre;
Le terroir du champ des Noyers 64 boisselées.
Le fief Rayneau, près du moulin à vent des Moulières en trois pièces de 60, 50, et 45 boisselées.
Le fief Gry 24 boisselées
Le fief David au bourg
Les Dixmes de Chambron-les-Ardin.
Le fief de la Baltière paroisse d’Alonne 14 boisselées.
Les landes Vachin (Pamplie).
Les pâtureaux et garennes de Tourteron 36 et 36 boisselées.
Le moulin à eau de la Règle (Fenioux).
La vigne des Gas.
La métayrie de la Perrine 108 boisselées.
La maison de la Brelouze (Saint-Michel le Cloud).
La métayrie de la Grande Courpe au village d’Ardenne.
La Chevibrière, paroisse de St Sulpice.
La grande métayrie de Payré sur Vendée.
Le fief Buffet, village de la Prouillère de Saint-Hilaire.
La terre et Sie de Chausse.
La terre et Sie de la Grange, la Gobinière.
La Girardière de Fenioux.
La métayrie de la Barbaudière.
La Bénissière de St Pierre du Chemin.
La Guindevinière de Réaumur 90 boisselées.
Les alleux 55 boisslées.
Le fief de la Croix et le fief du Portaud, paroisse de St Pompain.
Le fief de Foussay et les maisons, temple et village de la Renardière possédés par les protestants.
Les Plans, 44 boisselées.
Les Moulières sept vingt boisselées plus 74 boisselées du pré du Chesne.
La métayrie de la Baste 7 vingt boisselées.
le petit Cheusse situé au Mazuraud.
La maison de la Corne de Cerf de Saint-Pompain.
Le fief Mauduit de St Hilaire.
Le fief Boutou de St Hilaire.
La métayrie de Villeneuve de St Hilaire.
La métayrie du Coulombier.
Le fief l’Oumeau.
Les différentes redevances se montent à 440 boisseaux de froment, 180 ras d’avoine, 80 chappons et 20 livres d’argent.
De plus, tantôt c’est un hommage-plain, c’est un cheval de service, tantôt c’est un hommage-lège et droit de rachapt, tantôt c’est un droit vérolée comme à la Règle.
Cet aveu de 1681 très détaillé, a été fait en totalité ou en partie dans les siècles précédents. Le premier aveu est du 6 avril 1402 ; il est fait par Amaury de Liniers au seigneur de Vouvent. Il comprend spécialement Maret avec ses dépendances, c’est à dire toute la seigneurie de Maret, comme l’on désignait souvent le château de St Pompain.
Le 20 mars 1428, nouvel aveu.
Le 21 août 1434, Joachin de Liniers fait à son tour à Vouvent, son aveu de St Pompain.
Jean de Liniers le renouvelle en 1464.
Catherine Goulard, sa veuve, le renouvelle en 1486.
François de Liniers en 1498, en 1506, en 1537.
Antoine de Liniers en 1549 ; à sa mort le rachapt fut de 345 livres.
Le 10 août 1614, Madame de Longueville, veuve de Vouvent fait remise au seigneur de St Pompain de la moitié du rachapt, au décès de François ; elle touche 740 livres de Charles de Liniers.
Les droits et les devoirs seigneuriaux étaient nombreux. C’étaient des droits de marché tous les lundis de chaque semaine, les jours de foire qui sont le jour des rois, le 1er may, le lundi de la Pentecôte, le jour de la st Barnabé, le jour de la St Martin, droits de ventes sur toutes personnes, de pain, de chair, de toutes marchandises, denrées, bestiaux, droits de péage, billette et passage, tant par chevaux que par charrettes, droits de ban à vin pour l’espace de 40 jours, de la St Barnabé à la Ste Madeleine, droit de jeu de quille, droits de mesure.
C’étaient des droits de pêche sur l’Autize depuis Guilbeau jusqu’à Franchauvet.
C’étaient des droits de fours et moulins banaux.
C’étaient des droits de fondation première, prééminence honneur et patronage dans l’église paroissiale, les prérogatives sur tous autres dans le coeur d’icelle et pouvoir de mettre cloche au clocher.
Une sentence du 5 octobre 1546 de la sénéchaussée de Poitiers régla le différent survenu entre Antoine de Liniers et Madame de Longueville. Il fut décidé que lorsque le seigneur de Vouvent serait en l’église de St Pompain le seigneur de Saint-Pompain occuperait le lieu le plus éminent, le seigneur de Longueville mettrait ses armes au vitrail de l’église où il les avait placées.
Par la transaction faite en 1550 entre le seigneur de St Pompain et la dame des Moulières Paul Chabot, le seigneur de Liniers accorde à la dite dame de mettre ban dans ou dehors le coeur de l’église au lieu le plus commode, sans empaichement du ban de Liniers.
Vers 1550, les revenus de la terre de St Pompain se détaillaient ainsi :
3 métayries dont la Barbaudière à moitié |
800 H |
Mémoire établi par le sieur Chauvin fermier de la terre de St Pompain et procureur fiscal.
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Le premier fermier général de la seigneurie de Saint-Pompain que nous trouvons, est un nommé Pastureau Philippe, sieur de Richebonne. Il a de Jeanne de Launay, son épouse, Charles baptisé le 24 février 1631 ; sa marraine est Catherine Eschalle, dame de Liniers, et Antoine, baptisé en 1634, dont le parrain est Antoine Moreau, sieur de la Ferraudière et la marraine Marie de Liniers.
En 1685, c’est l’honorable Homme Ecuyer, Jacques de Couignac, qui est fermier de la terre de Saint-Pompain. C’est l’acte d’abjuration de sa femme du 2 octobre de cette année qui nous le révèle.
« Au second jour d’octobre mil six cent quatre vingt cinq, s’est présentée à nous dans son château de St Pompain à cause de son indisposition, damoiselle Françoise Eleonor, femme d’honorable homme écuyer Jacques de Couignac, fermier de la terre de St Pompain, à laquelle nous avons donné l’absolution de l’hérésie de Luther et de Calvin…. »
En 1698, nous trouvons le sieur Charles Delaroy ; il est originaire de la paroisse d’Oulmes où son frère Jean de la Roy est marchand ; sa mère est Jacotte Ménard ; il se marie le 16 juillet 1898 avec Marie Boutin, fille de Anthoine Boutin et de Françoise Guillemet ; Son frère François Delaroy devint prieur de Bouillé en 1740 ; Marc Anthoine Boutin procureur fiscal de la terre et seigneurie de St Pompain meurt en décembre 1695.
De 1712 à 1715, le sieur François Chauvin est fermier du château ; il est receveur de la châtellenie de Saint-Pompain. Sa fille Françoise se marie à Isaac Desaire, fermier de la Roussière.
Charles Delaroy est fermier de la commanderie de Senans au temps où le Père de Montfort fait une mission à Saint-Pompain. C’est lui que le missionnaire réconcilia avec le Prieur Mulot avec lequel il était brouillé ; il avait perdu le procès qu’il avait engagé au sujet du paiement des dixmes de Beauvais.
En 1722, il est « fermier actuellement de la terre et seigneurie de St Pompain, demeurant dans le château. ». Il y est encore en 1738 et 1750 ; il fait un aveu comme tel à Arnaud de Pons.
En 1757, le sieur Charles Breuillat est fermier de la terre et seigneurie de St Pompain ; il y est encore en 1764.
Enfin nous trouvons, comme fermier, en 1780, le sieur Jean Pougnet de la Gibaudière, « fermier des revenus de la seigneurie de St Pompain… ».
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LE FOUR BANAL
Il est signalé dans le dénombrement de 1681 :
« item, mon four bannier du bourg, pour raison duquel et de mes deux moulins, j’ay droit de vérollerie de four et de moulins sur les habitants… depuis le grand carrefour du bout où est située la maison de la Corne de Cerf qui fut à Chaillot, procureur fiscal de Vouvent, montant en haut vers ma maison de la Place, jusqu’au carrefour de l’Aumosnerie à main droite et d’autre part depuis la dite maison de la Corne non comprise le long du grand chemin de Saint-Maixent à Fontenay jusqu’au carrefour de la dite Aumosnerie à main senestre »
Le four banal est « baty au haut du bourg couvert de tuiles courbes, joignant d’un bout au domaine du dit sieur Prieur de Saint-Pompain… et d’autre bout au carrefour…qui descent par une voye ou sentier à la fontaine commune aux habitants du bourg ». C’est la fontaine Priouze située au bas du jardin du presbytère ; le fué était au Prieur
Au sujet de la banalité, plusieurs difficultés survinrent.
La première date de 1722. Le seigneur de St Pompain acquit à cette date le fief l’Arceau de M; de St Martin. L sieur Taidé habitant St Pompain fait bâtir un four en la mouvance de ce fief et veut s’affranchir de la banalité de la seigneurie. Il prétend que le fief l’Arceau n’a pas été à la seigneurie et qu’il n’avait pas de banalité. Le seigneur de Saint-Pompain prétend au contraire que comme seigneur en chef du bourg et comme seigneur suzerain du fief réuni aujourd’hui à sa seigneurie il peut contraindre les vassaux du fief L’Arceau au moulin et au four banaux. La coutume ne décide rien.
Ce mémoire de M; Tiraut appelle la réponse suivante :
Pour obliger le sieur Tardé de moudre ses blés et de cuire son pain au four et moulins banaux du seigneur de St Pompain, il suffit de savoir si les sujets du fief Larceau étaient, avant son acquisition assujettis à cette banalité par l’usage, ou par titre. S’ils l’étaient, le sieur Tardé doit aller au moulin et four de la seigneurie, s’ils ne l’étaient pas, rien ne l’oblige, l’acquisition n’apporte aucun changement. De plus, le seigneur ne peut le contraindre à fournoyer dans son four parce que le sieur Tardé n’est point homme roturier. Les vassaux de Larceau n’allaient au four qu’en moyenne partie, ils n’y allaient pas tous ; ils y allaient donc volontairement. Si le seigneur avait eu ce droit de banalité, il les aurait obligés tous.
On ne peut donc pas inquiéter le sieur Tardé sur le four qu’il a fait construire dans le fief Larceau. L’article 47 de la Coutume du Poitou dit que la contrainte de fournoyer dépend des doits de basse juridiction ; le seigneur du fief Larceau ne les avait pas et ne pouvait pas les transmettre au seigneur de St Pompain.
Le sieur Tardé n’est pas obligé d’aller au four banal et au moulin.
La seconde difficulté date de 1729. Le seigneur de St Pompain qui est Comte de Pons veut contraindre les sujets des Moulières qui se trouvent dans le bourg à aller cuire au four banal de St Pompain.
Le seigneur des Moulières lui demande de lui communiquer le titre qui lui permet d’assujettir ses hommes à la banalité. La coutume ne donne pas à un seigneur le droit de servitude sur les sujets d’un autre. Il lui rappelle le partage qu’il a dans tous les droits de la terre de St Pompain par une possession de plus de 200 ans : les aveux ne lui ont pas été faits depuis qu’il est propriétaire des Moulières. Il pourrait se faire construire dans le bourg un four banal pour les sujets de son fief ; il ne l’a pas fait en raison de la dépense de construction et d’entretien. Ses sujets sont libres de faire cuire leur pain où bon leur semble. Il est prêt à faire voir ses titres quand le comte de Pons le fera pour les siens. « Il vaut mieux se faire justice l’un à l’autre que de la demander à d’autres. »