L’EGLISE

La paroisse de Saint-Pompain, la seule en France portant le nom de ce martyr
torturé en Syrie, au Vème siècle, avec Saint-Avent et huit autres chrétiens, dépendait jadis de l’archiprêtré d’Ardin.
L’église remonte à la fin du XI ème siècle et au XII ème siècle. Dévastée par au cours de la guerre de cent ans et par les huguenots, restaurée, transformée, agrandie, elle a été en partie reconstruite au XIX ème siècle.
Avec son chevet plat, de style gothique flamboyant, elle possède une nef romane voûtée en berceau brisé que rythment de grandes arcatures.
Son portail historié, l’un des plus remarquables du Bas-Poitou, il portait la signature d’un certain Guillaume (Guilhermus fecit hoc : « Guillaume a fait ceci »). Il était déjà en fort mauvais état lorsque l’archéologue niortais Charles Arnault le décrivit en 1843. Très fortement restauré il n’en subsiste plus grand chose.
L’église de Saint-Pompain figure depuis 1929, sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

Dans cet édifice, il n’y a de remarquable que la porte. La façade est divisée en deux ordres par un cordon de mordillons variés : elle est ouverte par une seule arcade, entourée de trois archivoltes retombant sur des tailloirs ; ceux de droite sont ornés de rinceaux perlés, ceux de gauche de moulures triangulaires. Les chapiteaux effacés s’appuient sur des colonnes séparées par des triangles. L’archivolte intérieure est couverte de guerriers, armés d’épées et de boucliers ; ils foulent, d’un air paisible, des monstres qui grimacent. Au sommet de l’archivolte, deux anges semblent les encourager du regard et de la main. Les guerriers et les monstres représentent, il ne faut pas en douter, les vertus et les vices, ou la religion domptant les monstres de l’hérésie. La deuxième archivolte est ornée de quatre signes du Zodiaque: le premier que l’on distingue, à droite, est, peut-être, la Balance ; il m’a semblé la reconnaître à un homme debout et penché, dont le bras étendu soutient quelque chose. Le deuxième signe est la Vierge, auprès de laquelle on voit des hommes préparant des tonneaux. Puis ensuite c’est un berger gardant des troupeaux devant le Lion, qui semble rugir et battre ses flancs de sa forte queue. Le symbole, qui vient après, est représenté par un homme qui porte à la main un panier clissé et de forme allongée. Dans le compartiment qui renferme le Scorpion, se voient des maisons à deux pans, avec plusieurs ouvertures et des pignons triangulaires. Au-dessous du Scorpion, l’artiste du Moyen-Age a placé un épisode du nouveau Testament : c’est sans doute Jésus-Christ et les disciples au village d’Emmaüs ; ils sont à table.
Le premier signe que l’on reconnaît du coté droit, à l’archivolte principale, est le Capricorne ; au-dessus est un homme vêtu d’un manteau de poil de bête ; il se réchauffe à un petit feu placé devant lui. Le Verseau est représenté par un personnage assis, dont les jambes sont croisées ; il tient un vase très allongé, d’où l’eau s’écoule à grands flots : l’emblème de ce signe est un homme monté sur un arbre pour éviter les inondations. C’est après que viennent les Poissons, l’un est brisé, perdu. Puis l’on voit un homme et un enfant, tous deux sont assis : ce sont peut-être des pêcheurs. Le signe du Bélier est tout à côté, ainsi qu’un voyageur à cheval, car le temps des courses peut recommencer. Ensuite, c’est le Taureau et un faucheur debout ; malgré de nombreuses mutilations, on reconnaît encore la lame de son instrument et quelque chose du manche. Au-dessous se trouvent les Gémeaux ; ils s’embrassent pour donner à tous l’exemple de la concorde et de la bonne intelligence ; le reste est effacé. Il faut remarquer que les signes, qui représentent les constellations, ne sont pas dans leur ordre ; il en est de même du calendrier.
Les Zodiaques, ainsi représentés sur les portes des églises, avaient pour objet de rappeler à la foule la succession des temps et les travaux qui devaient répondre à ces différents signes. Originairement, le Zodiaque fut une figure vivante de l’Olympe ou de la demeure des dieux ; il ne représenta ensuite que le ciel ou les douze mois de l’année : de là sa présence dans l’architecture religieuse. D’ailleurs, les signes du Zodiaque, dans les églises, ne sont, sans doute, qu’une imitation des temps passés, imitation apportée par les architectes de Byzance qui les connaissaient si bien ; aucune représentation, en effet, ne fut aussi répandue, et n’eut autant de vogue dans les derniers jours de l’architecture romaine. Ce sujet si populaire fut également traité par les peintres et les architectes. Ces signes si connus, et qui ne pouvaient plus indiquer, au temps du christianisme, que les douze mois de l’année, ont pris place dans les façades de nos églises comme des ornemens (1), et pour dire à la foule que chaque époque, que chaque journée avait son emploi fixé d’une manière irrévocable. Elles semblaient dire aussi que les saisons de soleil et de pluie existaient depuis longtemps, et devaient durer longtemps encore, puisqu’on s’empressait de les offrir aux regards dans un temps où l’on croyait que le monde s’était repris à la vie et ne devait plus finir.
Un souvenir précieux se rattache à l’église de Saint-Pompain. Au commencement du dix-huitième siècle, le célèbre Grignion de Montfort, missionnaire rempli de courage et de persévérance, monta dans la chaire modeste de cette église, qui a retenti presque de ses derniers accens (1) : il en descendit pour aller à Saint-Laurent-sur-Sèvre, où bientôt son zèle finit avec sa vie.
Avant de laisser ce monument religieux, il faut noter qu’il peut appartenir au commencement du douzième siècle comme à la fin du onzième.

(1) Orthographe de l’époque

Extrait de « MONUMENS RELIGIEUX, MILITAIRES ET CIVILS DU POITOU »
DEUX-SEVRES
Première Partie
par Charles ARNAULT ( 1843 )