Le traitement du calcaire pour obtenir de la chaux est très ancien. Dans toutes les régions calcaires des Deux Sèvres, aussi bien dans la région d’Airvault, de Bressuire, que dans le Saint-Maixentais, le Mellois ,la région Niortaise, la région Coulongeoise, on a exploité cette richesse naturelle qui, surtout à partir de l’époque napoléonienne grâce aux études des ingénieurs agronomes, apportait une amélioration considérable aux rendements des terres et permettait à la Gâtine en particuliers de produire autre chose que des seigles en maigres qualité et quantité. La première expérience de chaulage contrôlée a été réalisée par Charles de Breloux (La Crèche 79), agriculteur et député du Tiers Etat en 1788.
La chaux était exploitée pour l’agriculture mais aussi très largement par les chamoiseries de La Crèche et Niort. La chaux d’Ardin était plus particulièrement cotée puisqu’elle se vendait un tiers plus cher que les autres. Avant le 19ème siècle, le transport se faisait par charrettes, titrées par bœufs, chevaux, mulets ou ânes, ce qui explique la bonne implantation de l’élevage du mulet et des ânes du Poitou dans notre région. Mais l’état des voies de communication limitait la portée et l’importance des livraisons. En 1788 il faut 8 chevaux et 2 ou 3 hommes pour conduire un tonneau de chaux à Niort au départ de Saint-Laurs. A l’arrivée il coûte 36 livres de transport et 3 livres d’octroi à l’entrée de Niort.

Ces fours à chaux de Saint-Pompain ont été construits en 1872 et complétés et terminés en 1897 par Monsieur FORMON.
Toutes les roches calcaires ne sont pas d’égale qualité et fournissent 3 sortes de chaux :

La chaux grasse donnée par les calcaires purs, ne renfermant pas plus de 6% de matières étrangères. On la reconnaît à la manière dont elle foisonne, c’est à dire dont elle gonfle quand on l’éteint ; elle arrive ainsi à doubler de volume. Elle est avantageuse pour le chaulage des terres mais d’un emploi difficile en maçonnerie.
La chaux maigre, qui contient moins de 25% d’argile, de silice ou de magnésie, foisonne très peu ; elle est légèrement hydraulique et résiste mieux à l’humidité que la chaux grasse : elle est employée pour des enduits extérieurs.
La chaux hydraulique qui contient une forte proportion d’argile, de 25 à 35% ; elle ne foisonne pas, durcit rapidement dans l’eau ; elle est employée en construction.

Les chaux du Coulongeois sont des chaux grasses.

Il existe deux sortes de fours :

Le four à bois à la fournée
Puis le four à feu continu qui réduit la dépense calorifique, remplacé plus tard par le four continu à charbon.

Il semblerait que la plupart des grands fours de la région datent des environs de 1850 date à laquelle les Houllières de France développent l’exploitation des mines de Faymoreau et le petit gisement de Saint-Laurs.
L’activité locale des chauliers a été fortement dopée par la construction de la ligne de chemin de fer Niort-Angers desservant Benet, Saint-Pompain, Coulonges, Faymoreau, Bressuire, Cholet mise en service aux alentours de 1867 : Elle permettait l’expédition de la chaux plus vite et plus loin et en plus grande quantité, allant même jusqu’en Bretagne.
Cette chaîne d’activités, de la pierre à l’expédition, employait jusqu’à une centaine de personnes, carrières, fours, roulage, avant 1914. Elle s’est éteinte avec l’arrêt de l’exploitation des mines de Faymoreau, qui a entraîné une chute de trafic de la liaison ferrée et sa disparition, mais aussi à cause de la difficulté de trouver de la main d’œuvre pour un travail pénible et très mal payé(1), et l’arrivée sur le marché de nouveaux engrais chimiques qui réduisait les débouchés.
Le dernier train empruntant la ligne Niort-Angers est passé à Saint-Pompain en juillet 1970.

D’après une étude du Club Histoire du CES de Coulonges
Réalisée en année scolaire 1982-1983

(1) – Pour donner une idée des prix pratiqués pour l’exploitation en carrière : un ouvrier produisant une « ponne à bugée » recevait en salaire une somme correspondant à la valeur de 5 paquets de tabac.